8 February 2025
Politique

Réforme constitutionnelle en RDC : Le Professeur LUZOLO BAMBI appelle à une justice pour tous

  • janvier 21, 2025
  • 4 min read
Réforme constitutionnelle en RDC : Le Professeur LUZOLO BAMBI appelle à une justice pour tous

L’actualité politique de la République Démocratique du Congo est aujourd’hui marquée par les discussions suscitées par l’idée du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, concernant la réforme constitutionnelle. Cette proposition vise à ouvrir de nouvelles réflexions sur la gouvernance du pays, et plus particulièrement sur l’indispensable réforme du système judiciaire congolais. Dans ce contexte, le Professeur Luzolo Bambi Lessa, ancien ministre de la Justice, s’est exprimé fermement en faveur de cette réforme, soulignant les liens évidents entre la mauvaise gouvernance judiciaire et la lenteur du processus de justice en RDC.

Le Professeur Bambi, qui a participé activement aux États Généraux de la Justice, a toujours dénoncé les obstacles majeurs à l’instauration d’un véritable état de droit en RDC, principalement en raison de la mauvaise gouvernance judiciaire. À cet égard, il distingue deux axes essentiels qui devraient guider toute réforme dans ce domaine : d’une part, la lutte contre l’impunité et, d’autre part, la lutte contre la corruption. Ces deux phénomènes sont intimement liés et, selon lui, constituent des obstacles insurmontables au développement d’une justice impartiale et efficace.

Concernant la lutte contre l’impunité, le Professeur Bambi déplore une impunité généralisée qui se manifeste par un déni collectif de justice, particulièrement visible dans l’Est du pays, où des millions de vies humaines ont été perdues et des milliers de personnes ont été déplacées par les conflits armés. Il rappelle que ces atrocités se poursuivent sans réponse judiciaire adéquate. Le Professeur note qu’en dépit des efforts entrepris par le Président Tshisekedi, notamment avec la création du Fonds National de Réparation des Victimes de Violences Sexuelles et des Victimes des Crimes contre la Paix et la Sécurité de l’Humanité (FONAREV), les massacres et les déplacements de populations continuent de frapper cette région sans qu’une justice efficace ne puisse être rendue.

Dans le domaine de la lutte contre la corruption, le Professeur Bambi relève que bien que des agences pénales aient été mises en place pour lutter contre ce fléau, elles se heurtent à de nombreuses difficultés. L’une des principales difficultés réside dans le fait que les individus mis en cause sont souvent des personnalités influentes jouissant de privilèges et d’immunités, ce qui obstrue le bon fonctionnement des institutions judiciaires. Selon lui, la situation est d’autant plus préoccupante pour ceux impliqués dans des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre ou encore des génocides, car leurs privilèges politiques rendent toute poursuite judiciaire extrêmement complexe.

Le Professeur Bambi fait remarquer que les immunités dont bénéficient ces personnalités, ainsi que le trafic d’influence, font que la justice se trouve entravée. Dans cette situation, la justice s’arrête aux portes du Parlement, car toute action judiciaire contre ces personnalités nécessite une autorisation parlementaire ou la levée des immunités. Il met ainsi en lumière un système judiciaire à deux vitesses, où les plus puissants échappent à la justice, tandis que les plus vulnérables sont les premières victimes du système.

Face à ces dérives, le Professeur Bambi plaide pour une réforme en profondeur de la Constitution afin de garantir une justice équitable et accessible pour tous. Il estime qu’il est primordial de déverrouiller les mécanismes constitutionnels actuels qui permettent cette justice à géométrie variable. La réforme devrait viser à établir une justice pour tous, fondée sur l’égalité de tous devant la loi, sans distinction de statut ou de pouvoir.

Le Professeur conclut que, dans un tel cadre, une justice véritablement équitable serait non seulement un gage de stabilité pour la RDC, mais aussi une condition sine qua non pour rétablir la confiance de la population dans ses institutions judiciaires. Cela permettrait de tourner la page des injustices passées et de rétablir un État de droit solide, capable de répondre aux défis actuels et futurs du pays.

LA REDACTION

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